vendredi 8 mai 2009

< 06/05 > Beirut @ Cirque Royal

Cette année, à part Beirut et Andrew Bird, je dois dire que l'affiche des Nuits Bota ne me bottait pas vraiment. Quitte à devoir choisir l'un des deux, c'est pour Beirut que mon choix s'est porté: en effet, après l'avoir loupé 2 fois, la troisième fois devait être la bonne, qui de plus m'apportait une première visite au Cirque Royal de Bruxelles. Et histoire de ne pas encore laisser ce blog vide, je vous fait part des mes notes d'après concert (il faut bien s'occuper dans le train).


Après une attente prolongée à la gare du Nord, histoire d'attendre celle qui a la poisse au niveau de Tubize, notre retard était indiscutable. Mais quelques centaines de pas plus tard, le soulagement est grand: l'accès à un niveau acceptable est aisé et Mina Tindle n'a pas l'air d'avoir commencé depuis longtemps. D'abord un brin rébarbative, la demoiselle se contente de chantonner avec souvent comme unique support une instrumentation discrète - majoritairement de la guitare boyscout au coin du feu. Peut-être que c'est juste ma balance interne qui commence à pencher du côté de l'expérimental, au détriment du folk. Mais la prestation prend tout de même de l'ampleur lorsque ses comparses de scène la soutiennent, notamment à la batterie, ou quand Mlle Tindle attrape son mélodica. L'amateurisme de la petite bande fait sourire, bien loin de celui de Soko au Pukkelpop 08, qui frisait alors l'indécence. Tout de même étonnant comme ce petit monde fait bien peu de bruit, on serait presque gênés de chuchoter à l'oreille de sa voisine.
Frais, léger, délicat, la chanteuse ne va pas renverser les foules ni transcender les âmes, mais ça se laisse écouter comme un ruisseau qui berce. Plaisante démonstration (malgré l'aversion que je semble habituellement porter aux voix féminines).


21h02 et déjà Zach Condon et ses compagnons nous saluent, souriants. Dès le premier morceau, l'équilibre semble parfait, la voix s'envole vers la voûte et vibre intensément, suspendue en l'air. Avec l'apparition de la batterie, je crains un instant un chamboulement, mais le tout finit par se fondre élégamment malgré une résonance prolongée de la pédale. Même peur lorsque le contrebassiste troque son géant de bois pour une basse. Celle-ci restera un peu trop présente, mais cet infime inconvénient n'entacha en rien l'homogénéité générale, et la pureté du son me parut infinie. Un bon point pour le Cirque Royal.




The Concubine, Mount Wroclai, Postcards from Italy, A Sunday Smile, St Apollonia, Nantes... Elles seront quelques unes à y passer, peut-être un peu trop de The Flying Club Cup, peut-être pas assez d'atmosphères balkaniques si chères à Gulag Orkestar, peut-être pas assez de plaines mexicaines arides et de désespoir noir tellement représentatifs de March of the Zapotec. Mais laissons les peut-être de côté. Dès la première chanson, ce grand enfant joufflu et son voisin trompettiste (mais pas seulement, l'homme a beaucoup de cordes à son arc) entament unissons, contre-chants et multiples hymnes dignes du Beirut en pleine possession de ses moyens. L'accordéon relève merveilleusement le tout, un tapis de notes continu, et le trombone à coulisse (était-ce ça ? je m'y connais peu en cuivres, malheureusement) assure un renforcement mélodique sans faille. La maîtrise vocale se fait tantôt poignante et touchante, tantôt enjouée et engagée, mais quoiqu'il arrive, toujours puissante. Son français n'est pas aussi impeccable, mais tout de même déjà impressionnant: il aime notre langue, ça se voit autant dans ses commentaires que dans les titres de ses chansons.

"Je n'imaginais pas que la salle serait si grande. Je suppose que je dois dire merci, la Belgique" (en anglais). Et puis une intervention du trompettiste pour demander à la sécurité de ne pas confisquer les appareils photos. Comme cadeau: la Javanaise de Gainsbourg, délicieusement rétro, mais aussi Zach, seul au ukulélé, jouant The Penalty. "Et voilà !" "Bon." Ces gars-là sont beaucoup trop sympas. Oui, trop, car sur My Night With The Prostitute from Marseille, ils invitent les gens à monter sur scène: ça aurait pu être une bonne idée si les gens étaient un peu plus respectueux. Entre les cruches qui tournent le dos à Zach pour s'auto-prendre en photo avec Beirut en arrière-plan, Madame sans gêne qui veut faire une photo à côté d'eux pendant la chanson ("kikoo les copines, regardez ma photo facebook avec Beirut !"), le type pathétique à la chemise rouge ou encore celui qui fait semblant de jouer de la trompette à côté de Zach, je crois que le summum du ridicule fut atteint. Mais en faisant abstraction de tout ça, on pouvait remarquer que la chanson prenait de nouvelles directions, car pas de platine arty ici, juste Beirut et ses instruments traditionnels.

Pas beaucoup plus d'une heure sur la scène, mais beaucoup d'éclats de rire et des morceaux plein de sincérité aussi excellents en live que sur cd. Tout simplement beaucoup d'humanité et un éclair de magie.

Un concert qui efface les mauvais souvenirs des derniers à s'être brûler les ailes à l'expérience de la performance live (Animal Collective et sa bouillie sonore, pour ne pas les citer). Peut-être plus cher que mes derniers concerts, mais le prix en valait la chandelle.
Beirut, des amis qui vous veulent du bien.

4 commentaires:

Slyeno a dit…

Certains mots trahissent une groupie frustrée de ne pas avoir pu trémousser les fesses sur scène... Hahaha!

Selon le blog du journal Le Soir, le concert était "trop sage". J'aurais bien voulu être là pour en juger mais mon éternelle lenteur m'a fait manquer les places!

Anaïs a dit…

C'est pas la première fois que tu utilises ce mot à tort à mon propos, ça me vexe ! J'étais pas loin, j'aurais pu monter en jouant des coudes, mais c'est vraiment pas mon genre de faire un truc pareil. :)

J'ai pas spécialement trouvé ça trop sage, l'atmosphère seyait à merveille à l'identité musicale du groupe, à mes yeux du moins.

Claire a dit…

La deuxième phrase de ta review m'a fait éclater de rire. Tope-là, et viens rejoindre mon club des jeux de mots subtils.

Erwan a dit…

Ah je lis la missive: de rien! Live report de DM Stith coming soon.