jeudi 31 décembre 2009

Tops 2009 en vrac

Une année de plus qui se clôt. Durant laquelle ce blog n'a pas publié grand chose malgré les envies de partage de le rédactrice. Cependant, la plupart du temps, cela faisait place à un immense sentiment de découragement.
Aller voir Patrick Wolf en concert et me rendre compte que jamais je ne pourrais trouver les mots pour dire combien tout cela me touche. Réaliser que si même je les trouvais, peut-être qu'une trop grande partie de moi échouerait ici. Et savoir que si c'était le cas, peut-être que cela ne toucherait personne. Or à quoi ça servirait d'écouter de la musique qui ne nous touche pas. Je me le demande encore.

Du côté des concerts, ça doit ressembler à quelque chose comme :

(1) Patrick Wolf @ Botanique
(2) Grizzly Bear @ Cirque Royal
(3) The Walkmen @ Fillmore
(4) Beirut @ Cirque Royal
(5) Fuck Buttons @ Dour
(6) ...And You Will Know Us By The Trail of Dead @ Dour
(7) Animal Collective @ Dour
(8) St-Vincent @ Cirque Royal
(9) Sunset Rubdown @ Botanique
(10) Dirty Projectors @ Botanique

Niveau visuel, ce serait plutôt :
Clips
(1) Ramona Falls - I Say Fever
(2) The Middle East - Blood
(3) Here We Go Magic - Tunnelvision
(4) Yeasayer - Ambling Alp
(5) Animal Collective - Summertime Clothes

Pochettes
(1) Jonsi & Alex - Riceboy Sleeps
(2) Veckatimest - Grizzly Bear
(3) Volcano Choir - Unmap
(4) Kurt Vile - Childish Prodigy
(5) Noah & The Whale - The First Days of Spring

En ce qui concerne les EP, en vrac :

Beirut - March of the Zapotec & Holland EP
Deerhunter - Rainwater Cassette Exchange EP
Animal Collective - Fall Be Kind EP
Atlas Sound - Rough Trade EP
Devendra Banhart - Baby EP
The Drums - "Summertime !" EP

mercredi 30 décembre 2009

Top albums 2009 - #1 -> # 10

2009 n'était pas musicalement moins bon que 2008, malgré les déceptions (The Dodos, Island, Sunset Rubdown, Dan Deacon, Fuck Buttons...) et les concerts bien moins nombreux. Je me contenterai pourtant d'un top 30 ; seule une poignée d'ablums épargnés mériterait d'y figurer (The Middle East, Blind Man's Colour, Wavves, Vic Chesnutt, Cymbals Eat Guitars, Balckout Beach, A Sunny Day In Glasgow...). En espérant que certains y découvrent quelque chose :)


(1) Atlas Sound - Logos
Shelia
Logos. Je n'ai pas bien compris l'engouement de départ suite à l'arrivée de Walkabout (w/ Noah Lennox). Cependant je savais un peu à quoi m'attendre (si Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel n'apparait pas dans mon top 10 2008 c'est uniquement parce que je l'ai découvert trop tard), même si rien ne pouvait me préparer à des chansons telles que Shelia, Kid Klimax, Wahsington School... En fait, mis à part les deux "duos", l'un avec Panda Bear donc, et l'autre avec Laetitia Sadier, cet album est parfait. Il touche chacun de mes sens et modifie ma perception des choses extérieures. Marcher dans une ville avec Logos dans les oreilles c'est transformer sa vie en ce qu'elle devrait être.

(2) Here We Go Magic - Here We Go Magic
I Just Want To See You Underwater
Je ne connaissais pas Luke Temple avant cette année. Au fil des mois il est devenu Dieu, ou quelque chose comme "le Créateur". Un rythme, un 2e qui se superpose, un 3e qui se superpose. Jusqu'à ce qu'ils se retirent un à un après quelques minutes de stupéfaction. Here We Go Magic, ce sont mes seules vacances au soleil en plein hiver.

(3) Grizzly Bear - Veckatimest
Foreground
Déjà évoqué quelque part ici.

(4) Le Loup - Family
Beach Town
D'accord, Here We Go Magic ne représente pas mes seules vacances. Le Loup réussit également plutôt bien sa tentative d'enfermer du soleil dans Family.

(5) Ramona Falls - Intuit
Clover
Le petit nouveau du top 5. Une envie de l'écouter, un oubli, une réapparition. Vu la place que Menomena a toujours pris dans ma discographie cela ne m'étonne pas vraiment.

(6) Sébastien Schuller - Evenfall
Last Time
Je crois que j'aime cet album tendrement. C'est un peu la BO idéale d'une vie, dans le sens où on aimerait que chaque minute de notre existence puisse correspondre à quelque chose d'aussi beau, subtil et grandiose.

(7) Kurt Vile - Childish Prodigy
Dead Alive
Blackberry Song
L'année des envolées solitaires, puisque Kurt Vile n'est autre que le guitariste de The War on Drugs. Childish Prodigy est organique et métallique ; c'est aussi le meilleur compagnon possible quand on prend le train.

(8) Bill Callahan - Sometimes I Wish We Were An Eagle
All Thoughts Are Prey To Some Beast
La géniale escapade de Smog. Désertique et bouleversant.

(9) DM Stith - Heavy Ghost
Morning Glory Cloud
Quand David Stith s'est mis à chanter, c'était trop tard pour se sauver. Nous étions ensorcelés.

(10) Noah & The Whale - The First Days of Spring
My Broken Heart
You can give up anything when you're following your heart
I never had the time to show I could depart
with my whole being, go back to the start
Oh I promised more in vows then I ever give with my heart
but I'll be lonely...

Top albums 2009 - #11 -> #20

(11) Animal Collective - Merriweather Post Pavilion
Brothersport
Soyons honnêtes, cet album ne vaut ni Feels ni Strawberry Jam, ni Sung Tongs d'ailleurs. Et pourtant il s'éclaire à chaque écoute d'une nouvelle lumière et ouvre sans cesse les portes. Par contre, les concerts étaient de véritables épreuves. Après deux désastreuses expériences live, il fallait bien tenter une troisième à Dour. J'ai seulement compris cette fois-là que si je n'avais pas apprécié les tentatives précédentes c'est parce que je n'étais qu'une fille coincée et surtout parce qu'en fait il n'y avait rien à comprendre. J'ai enlevé mes chaussures et j'ai dansé pieds nus. C'est ça la véritable leçon de cet album. De lever les barrières.

(12) Telefon Tel Aviv - Immolate Yourself
The Birds
Contrairement à Dear John de Loney Dear, qui à l'instar de cet opus de Telefon Tel Aviv a pointé le bout de son nez début d'année, Immolate Yourself n'a rien perdu de son intensité grandiose au fil des mois. La vieille de sa sortie, c'est la moitié de ce duo américain, Charles Cooper, qui s'éteindra brutalement à l'âge de 31 ans. Une année meurtrière.

(13) Ola Podrida - Belly of the Lion
Donkey
Décrit récemment comme "de l'évidence mélodique tout en retenue". Jamais je n'aurais pu dire mieux.

14) Patrick Wolf - The Bachelor
Blackdown
J'aime toutes les histoires que me murmure Patrick. Ses peines et ses révolutions (Battle !). C'est une partie de son âme qu'il partage avec nous. The Bachelor n'emprunte pas mes sentiers préférés mais au fond cela se joue bien au-delà de ça.
I’ve been alone for so many
The great moments in my life
Alone like so many...


(15) Sufjan Stevens - The BQE
Movement I: In The Countenance Of Kings
Movement IV: Traffic Shock
Il faut bien deux mouvements pour illustrer la symphonie moderne que nous a offert Sufjan. Le premier digne de la BO de Pride & Prejudice et le 4e pour entamer la révolution musicale de ce génie de la composition. The BQE est beau. Même envoûtant.

(16) Sleeping States - In The Gardens of the North
The Next Village
Si le violoncelle nous touche c'est parce son son est le plus proche de la voix humaine. Les Anglais de Sleeping States l'ont bien compris quand ils ont décidé de nous livrer l'une des plus belles chansons de l'un des plus beaux albums de l'année. Ajoutez des choeurs emplis d'échos nuageux, mélangez et c'est prêt.

(17) Andrew Bird - Noble Beast
Anonanimal
En fait, je n'ai pas vraiment aimé cet album dans son entièreté. Néanmoins, Anonanimal et quelques autres sont d'une splendeur à tomber par terre et ça rattrape totalement le reste.

(18) Dirty Projectors - Bitte Orca
No Intention
Bitte Orca ne se serait sans doute jamais retrouvé aussi haut si les Dirty Projectors ne s'étaient pas produits après Sunset Rubdown au Bota. Normalement, je n'aime pas particulièrement les voix de femmes (même si j'appréciais assez sur disque, principalement pour l'étonnante voix de Dave Longstreth et ce qu'il sait faire de sa guitare), cependant Amber Coffman et ses deux comparses (et Saint Vincent quelques temps plus tard) m'ont prouvé que j'avais tort : ça a commencé avec Two Doves, et ensuite j'ai entendu des choses que je ne croyais même pas possibles avec une voix humaine.

(19) Volcano Choir - Unmap
Island, IS
Aux commandes, Justin Vernon, alias Bon Iver, derrière lui, Collections of Colonies of Bees : cette voix habitée, tant écoutée l'année passée, sur des mélodies plus soutenues un peu expérimentales, et une des plus belles pochettes de l'année en prime. Le résultat est flou et me hante comme de lointaines lumières venant du nord.

(20) Years - Years
Are You Unloved
Des guitares, du talent et ce petit quelque chose en plus.

Top albums 2009 - #21 -> #30

(21) Neon Indian - Psychic Chasms
Laughing Gas
Meilleur que Manners de Passion Pit, plus joyeux, plus insouciant, plus coloré, Psychic Chasms ferait danser n'importe qui n'importe où.

(22) Phoenix - Wolfgang Amadeus Phoenix
Love Like A Sunset (Planetarium)
Wolgang Amadeus Phoenix s'écoute comme on lit un livre, il raconte une histoire. "Lire comme un papillon, écrire comme une abeille".

(23) The Whitest Boy Alive - Rules
Promise Less Or Do More
Cette année Erlend Øye m'a plus convaincue de ce côté-ci que du côté des Kings of Convenience. Une basse simple la plupart du temps, des arrangements minimaux mais efficaces, et cette voix apaisante qui justifie tout.

(24) A Place To Bury Strangers - Exploding Head
Everything Always Goes Wrong
Sombre à vous glacer le sang.

(25) Loney Dear - Dear John
Under A Silent Sea
Sûrement placé beaucoup plus haut s'il était sorti plus tard, Dear John n'a pas vraiment tenu la distance... Malgré tout Emil reste touchant la plupart du temps et particulièrement dans cette chanson où la vague ne peut que nous submerger.

(26) Julian Plenti - Julian Plenti is... Skyscraper
On The Esplanade
Loin de valoir les arrangements d'Interpol, mais au fond la voix de Paul Banks est immuable de profondeur et de stabilité.

(27) Peter, Bjorn & John - Living Thing
Lay It Down
P,B & J continuent de passer malheureusement trop inaperçus, malgré le succès entièrement justifié de quelques uns de leurs titres. Celui-ci est tout simplement éclatant.

(28) Local Natives - Gorilla Manor
Shape Shifter
Un peu trop puisé à gauche et à droite il est vrai, mais qui pourraient leur reprocher de si intéressantes influences ?

(29) The Leisure Society - The Sleeper
Are We Happy ?
Découverte tardive pleine de sourires et de délicatesse.

(30) Health - Get Color
Death +
Tout aussi glacial que le numéro 24 et non moins fascinant, ce Get Color fera encore parler de lui longtemps.

jeudi 17 décembre 2009

[LP] Local Natives - Gorilla Manor

Chaque personne est attirée par quelque chose de différent lorqu'il croise le chemin d'un nouveau groupe, avant même d'avoir entendu la moindre de ses notes.
Souvent, c'est le nom qui attire - ou repousse - l'auditeur. Qui n'a jamais été tenté de faire l'impasse sur un énième groupe en "The"...
Pour ma part, Local Natives ne partait ni bien ni mal, cela dit, pas de quoi avoir envie d'y perdre une heure. J'aurais pu passer à côté si la cover du dernier album n'avait pas été accolée à la description.



Juste une envie de cliquer, tout en m'attendant à quelque chose de tout autre, malgré l'indication artistes similaires = Band of Horses, Fleet Foxes. Effectivement, on retrouve des aspects de ces derniers au niveau des voix (les choeurs, bien sûr !), mais moins sur l'instrumentation, excepté sur l'excellent Warning Sign (cover très réarrangée de Talking Heads) qui aurait clairement pu être réécrite par la bande des barbus. On y retrouve également un côté Ra Ra Riot sur des morceaux comme Camera Talk et Stranger Things, plus guillerets, et quelques écoutes des albums de Yeasayer ne sont pas non plus à exclure (Cards & Quarters, par exemple).



Mais au-delà des influences probables du groupe, c'est un superbe premier album que les 5 gars de Silverlake, Californie, nous livre, et pas celui d'un enième groupe de folkeux comme les références pourraient le suggérer, bien loin de là. Assez hétérogène, mais un sens inné de l'harmonie, des voix aux tonalités chaudes et mélancoliques, une batterie inventive... L'exemple parfait sur Airplanes, Sticky Thread, Wides Eyes ou encore Shape Shifter (les plus beaux choeurs de tout l'album). Un seul petit bémol sur Who Knows Who Cares, largement dispensable.
Les Local Natives ont été repéré cette année au festival SXSW à Austin en partageant une soirée avec Elvis Perkins et Grizzly Bear, ainsi qu'en jouant divers shows gratuits dans les rues d'Austin, tout en espérant signer et sortir un album. Gorilla Manor, 12 chansons au total, est sorti le 2 novembre sur le label Infectious.

mercredi 23 septembre 2009

The Middle East - Blood / I guess I'm floating

Depuis quelques mois, un blog reste indéniablement dans mes favoris, comme une sorte de bible à laquelle on revient toujours même après s'en être détournée quelque temps : I guess I'm floating.
La fine équipe, œuvrant sur blogspot, nous parle musique indé au gré des découvertes. Se succèdent donc mp3, live reports, infos diverses et même chroniques d'album en temps réel (voire récemment Family, le nouvel album de Le Loup, ou encore Bitte Orca des Dirty Projectors).

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un post concernant la chanson Blood du groupe australien The Middle East.



Comme souvent sur IGIF, ça sonne folk intime et dépouillé, guitare acoustique et voix nuageuse dans le registre de Bon Iver, le xylophone en prime. Introspection, voyage initiatique, du vent dans les arbres. Puis les chœurs s'amplifient et la chanson est définitivement partie sur les traces de la meilleure ballade jamais écrite. Un peu de rêve et la magie d'une sublime vidéo d'animation. I guess I'm floating...



PS : En parlant de blood, un post plus récent nous offre aussi Wicked Blood de Sea Wolf, avec un côté ryhtmique et mélodique très très très Arcade Fire dès les premières notes, à ne pas louper non plus.

mercredi 19 août 2009

[Summer Song] White Rabbits - Percussion Gun

Le second album du groupe de Brooklyn White Rabbits, It's Frightening, est un peu passé inaperçu sur la toile ce printemps. Et pour cause, les perles telle que Lionesse me semblent plutôt automnales. Regarder à travers la vitre crasseuse du bus, essayer d'empêcher le vent de s'engouffrer dans sa veste, marcher sous les auvents pour éviter la pluie.



Rien à voir avec Percussion Gun, la titre d'ouverture de l'album, qui porte superbement son nom. Estivalement parfait, ça sent l'herbe fraichement coupée, le rire au bord de la piscine, le ciel tellement bleu qu'il fait mal aux yeux, l'imminence et le caractère urgent de la vie dont on ne profite jamais assez.

samedi 6 juin 2009

Bright Eyes - Lover I Don't Have To Love

Remontons à l'année 2002. A l'époque, Conor Oberst ne faisait pas toujours ce petit folk stéréotypé qu'il nous sert depuis 2 LP avec The Mystice Valley ("Outher South", sorti ce mois-ci).





Il préférait nous pondre une chanson telle que Lover I Don't Have To Love, pleine de susurrements délicats, saupoudrée de sous-entendus licencieux, limite glauque et si obsédante; provoquante.

Il a bien changé, l'ami Conor !

vendredi 8 mai 2009

< 06/05 > Beirut @ Cirque Royal

Cette année, à part Beirut et Andrew Bird, je dois dire que l'affiche des Nuits Bota ne me bottait pas vraiment. Quitte à devoir choisir l'un des deux, c'est pour Beirut que mon choix s'est porté: en effet, après l'avoir loupé 2 fois, la troisième fois devait être la bonne, qui de plus m'apportait une première visite au Cirque Royal de Bruxelles. Et histoire de ne pas encore laisser ce blog vide, je vous fait part des mes notes d'après concert (il faut bien s'occuper dans le train).


Après une attente prolongée à la gare du Nord, histoire d'attendre celle qui a la poisse au niveau de Tubize, notre retard était indiscutable. Mais quelques centaines de pas plus tard, le soulagement est grand: l'accès à un niveau acceptable est aisé et Mina Tindle n'a pas l'air d'avoir commencé depuis longtemps. D'abord un brin rébarbative, la demoiselle se contente de chantonner avec souvent comme unique support une instrumentation discrète - majoritairement de la guitare boyscout au coin du feu. Peut-être que c'est juste ma balance interne qui commence à pencher du côté de l'expérimental, au détriment du folk. Mais la prestation prend tout de même de l'ampleur lorsque ses comparses de scène la soutiennent, notamment à la batterie, ou quand Mlle Tindle attrape son mélodica. L'amateurisme de la petite bande fait sourire, bien loin de celui de Soko au Pukkelpop 08, qui frisait alors l'indécence. Tout de même étonnant comme ce petit monde fait bien peu de bruit, on serait presque gênés de chuchoter à l'oreille de sa voisine.
Frais, léger, délicat, la chanteuse ne va pas renverser les foules ni transcender les âmes, mais ça se laisse écouter comme un ruisseau qui berce. Plaisante démonstration (malgré l'aversion que je semble habituellement porter aux voix féminines).


21h02 et déjà Zach Condon et ses compagnons nous saluent, souriants. Dès le premier morceau, l'équilibre semble parfait, la voix s'envole vers la voûte et vibre intensément, suspendue en l'air. Avec l'apparition de la batterie, je crains un instant un chamboulement, mais le tout finit par se fondre élégamment malgré une résonance prolongée de la pédale. Même peur lorsque le contrebassiste troque son géant de bois pour une basse. Celle-ci restera un peu trop présente, mais cet infime inconvénient n'entacha en rien l'homogénéité générale, et la pureté du son me parut infinie. Un bon point pour le Cirque Royal.




The Concubine, Mount Wroclai, Postcards from Italy, A Sunday Smile, St Apollonia, Nantes... Elles seront quelques unes à y passer, peut-être un peu trop de The Flying Club Cup, peut-être pas assez d'atmosphères balkaniques si chères à Gulag Orkestar, peut-être pas assez de plaines mexicaines arides et de désespoir noir tellement représentatifs de March of the Zapotec. Mais laissons les peut-être de côté. Dès la première chanson, ce grand enfant joufflu et son voisin trompettiste (mais pas seulement, l'homme a beaucoup de cordes à son arc) entament unissons, contre-chants et multiples hymnes dignes du Beirut en pleine possession de ses moyens. L'accordéon relève merveilleusement le tout, un tapis de notes continu, et le trombone à coulisse (était-ce ça ? je m'y connais peu en cuivres, malheureusement) assure un renforcement mélodique sans faille. La maîtrise vocale se fait tantôt poignante et touchante, tantôt enjouée et engagée, mais quoiqu'il arrive, toujours puissante. Son français n'est pas aussi impeccable, mais tout de même déjà impressionnant: il aime notre langue, ça se voit autant dans ses commentaires que dans les titres de ses chansons.

"Je n'imaginais pas que la salle serait si grande. Je suppose que je dois dire merci, la Belgique" (en anglais). Et puis une intervention du trompettiste pour demander à la sécurité de ne pas confisquer les appareils photos. Comme cadeau: la Javanaise de Gainsbourg, délicieusement rétro, mais aussi Zach, seul au ukulélé, jouant The Penalty. "Et voilà !" "Bon." Ces gars-là sont beaucoup trop sympas. Oui, trop, car sur My Night With The Prostitute from Marseille, ils invitent les gens à monter sur scène: ça aurait pu être une bonne idée si les gens étaient un peu plus respectueux. Entre les cruches qui tournent le dos à Zach pour s'auto-prendre en photo avec Beirut en arrière-plan, Madame sans gêne qui veut faire une photo à côté d'eux pendant la chanson ("kikoo les copines, regardez ma photo facebook avec Beirut !"), le type pathétique à la chemise rouge ou encore celui qui fait semblant de jouer de la trompette à côté de Zach, je crois que le summum du ridicule fut atteint. Mais en faisant abstraction de tout ça, on pouvait remarquer que la chanson prenait de nouvelles directions, car pas de platine arty ici, juste Beirut et ses instruments traditionnels.

Pas beaucoup plus d'une heure sur la scène, mais beaucoup d'éclats de rire et des morceaux plein de sincérité aussi excellents en live que sur cd. Tout simplement beaucoup d'humanité et un éclair de magie.

Un concert qui efface les mauvais souvenirs des derniers à s'être brûler les ailes à l'expérience de la performance live (Animal Collective et sa bouillie sonore, pour ne pas les citer). Peut-être plus cher que mes derniers concerts, mais le prix en valait la chandelle.
Beirut, des amis qui vous veulent du bien.

dimanche 5 avril 2009

[LP] Grizzly Bear - Veckatimest

Quand on attend un album comme j'attendais le successeur de Yellow House et Friend, le risque de déception est plutôt élevé. Mais avoir peur d'être déçue aurait été oublier à quel point Grizzly Bear joue dans une catégorie supérieure au commun des mortels.

En effet, cet opus est loin d'être en-dessous de mes attentes. Il allie la continuité côté passion et exaltation grandiose, dans la lignée d'une chanson telle que On a Neck, On a Spit (Southern Point) et côté mélancolie extrême et intériorité représentée dans le style de Shift (Foreground, piano en tête et instru discrète); mais il apporte également un aspect peu représenté jusqu'ici chez les ours: la vivacité légère et joyeuse présente sur Two Weeks et About Face (qui n'en reste pas moins poignante).


On retrouve aussi avec un plaisir non dissimulé le choeur des voix vibrantes, puissantes et subtiles à la fois (à côté de ça, Fleet Foxes, c'est une blague) de Ed Droste (plutôt cristalline) et de Daniel Rossen (plutôt rauque), et particulièrement sur l'excellente Fine For Now et son désordre emporté, ainsi que sur Dory.
Une oeuvre facilement assimilable au courant romantique par sa sensibilité sans cesse mise en valeur et par son déluge de contrastes et de montées en puissance; limite symboliste par sa poésie et son coeur appelant à la rêverie et au songe comme sur Hold Still et I Live With You.

Un album dont même le morceau Chearleader, le moins bon à mes yeux, le moins propice au voyage et dont la montée me parait trop lente, reste tout de même d'une excellence auquelle la plupart des chansons entendues en ce début d'année 2009 ne pourrait jamais prétendre.

Veckatimest ou la délicatesse à son apogée: la confirmation que Grizzly Bear est devenu un groupe majeur de cette décennie.

Sortie officielle: 26 mai.

While you wait for the others

samedi 21 février 2009

[C'était mieux avant] 1880 - Élégie, Op. 24 de Gabriel Fauré

L’élégie (du mot grec elegeia, « chant de deuil ») est une forme de poème. De nos jours, l’élégie est considérée comme une catégorie au sein de la poésie lyrique, en tant que poème de longueur et de forme variables caractérisé par son ton plaintif particulièrement adapté à l’évocation d’un mort ou à l’expression d’une souffrance amoureuse due à un abandon ou à une absence.


1880. Gabriel Fauré, grand compositeur français romantique, prend sa plume et une feuille à portées. Il compose l'Élégie pour violoncelle et piano, Op. 24. A la demande, il y rajoute des partitions pour orchestre. Et quand c'est Yo-Yo Ma qui l'interprète, on se laisse prendre par l'emportement du célèbre violonelliste et les frissons qui parcourent notre échine.

Élégie, Op. 24

vendredi 6 février 2009

< 21/01/09 > The Walkmen @ Fillmore, SF

On peut parfois chroniquer en étant économe de mots (oui, je l'ai décidé). Il n'y a qu'une seule chose à dire: ça respirait l'intensité et la passion, ça s'époumonait avec la fougue des plus grands. Et tout cela est évidemment beaucoup trop rare.
Je ne peux que poursuivre en vidéos:


Et les planants Beach House en première partie:


vendredi 30 janvier 2009

[EP] Beirut - March of the Zapotec & Realpeople Holland

La troisième fois, c'est la bonne.
Novembre 2007. Il y a plus d'un an, je tente d'acheter une place pour aller saluer ce jeune homme et sa troupe, dont les chansons ont si longtemps accompagné ma route. Sold out.
Beirut annoncé à Werchter. Et puis le 3 avril, lettre de Zach: It's with great regret that I have to tell all of you that Beirut is canceling their summer European shows. My reasons for doing this are many, a lot of them personal, but I still feel I need to provide something of an explanation.
C'était sa mise au point à lui.
6 mai, Nuits Botanique. Cette fois-ci je ne passerai pas à côté.

La troisième fois, c'est la bonne.
Gulag Orkestar. The Flying Club Cup. Et March of the Zapotec & Holland EP en 3e jet.
Même si ses deux prédecesseurs valaient le détour, après écoute de l'oeuvre de 2009, il me semble que la mise au point fut bénéfique.


March of the Zapotec marque en quelque sorte la continuité. On y retrouve les cuivres qui lui sont chers et sa voix bien reconnaissable. La Llorona invite même une voix féminine à se mêler à la mesure à trois temps, débitant des paroles toujours plus inspirées. My Wife, c'est comme un morceau de la fanfare de ton village, chevrotant et bancal (tout comme El Zocalo). The Akara, pour sa part, est à mes yeux un véritable chef-d'oeuvre d'intensité. Les percussions marquent une avancée inexorable, le chemin vers la potence. On A Bayonet respire tout autant le désespoir, qui se veut profond, muet et incurable. Ils forment à eux deux les points forts de cet EP. The Shrew voit le retour de la mesure à trois temps et finit de me réconcilier avec certains instruments à vent, dont le son ne m'apparassait pas comme subtil auparavant. Beirut a bien manoeuvré son orchestre.

Holland, c'est différent de tout ce que Beirut a pu faire jusqu'ici; ou à la limite, le genre d'A Sunday Smile et Nantes, poussé beaucoup plus loin. J'ai tout d'abord été réticente, tout simplement parce que j'avais dur à associer l'artiste avec ce que j'entendais. Et puis, après quelques écoutes, je me suis détendue et j'ai réécouté en enlevant l'étiquette "Beirut fait de la musique pleine de cuivre et de folklore". Je pensais ne pas trop accrocher. Jusqu'à ce que je réalise que cette chanson qui m'est restée en tête pendant des heures et que je meurs d'envie d'écouter, c'est My Night with the Prostitute From Marseille. Elle m'a réconcilié avec cet inattendu côté électronique, et ouvert au reste d'Holland. Elle est écrite pour rester en tête en associant des beats implacables et cette voix si particulière (ainsi qu'un titre des plus percutants, tout de même). My Wife, Lost in the Wild c'est presque du Passion Pit, une pop irrésistible qui se faufile là où on ne l'attend pas. La planante Venice convaincra les derniers réticents tandis que The Concubine renouera avec l'accordéon. No Dice est certainement celle qui ressemble le moins à ce que le multi-instrumentiste faisait auparavant. Mais elle ne déplait pas pour autant, dans un style beaucoup plus joyeux et éclairé que March of the Zapotec.



Beirut semble marcher sur les traces de ses envies en-dehors de toute contrainte. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça lui réussit plutôt bien. Un futur pilier indispensable de la discographie de chacun.

mardi 27 janvier 2009

Mise au point inévitable (alias coup de gueule).

J’ai mis du temps à revenir. Je pourrais prétexter les examens, les vacances aussi, mais au final tout cela n’avait rien avoir. Je cherchais juste à ne pas devenir comme certains de ces blogueurs dont j’ai récemment lu des articles/commentaires. Il fallait que je comprenne vraiment ce que je voulais faire et ce que je ne voulais surtout pas devenir avant de poursuivre l’aventure sans risque. Maintenant il ne me reste plus qu’à l’exprimer et je pense que je pourrai dès lors recommencer à écrire quelque chose de valable à mes yeux. Mais un peu plus misanthrope qu’avant, malheureusement.

Cette prise de conscience s’est déroulée parallèlement à la sortie du dernier album d’Animal Collective. Trop peu de temps pour chroniquer cet album bouillonnant, mais passage sur certains blogs où une certaine controverse semblait faire rage. Évidemment que je la comprends, personne ne peut faire l’unanimité. Mais à y regarder de plus près, ce que j’y ai lu était la plupart du temps un véritable ramassis de conneries, à commencer par . Et ailleurs aussi, presque partout à vrai dire.
Ce que j’ai retenu, c’était particulièrement « je ne comprends pas » ou encore « admiration pour tout ceux qui sont arrivés à écouter en entier un album d’animal collective ». Et une dizaine de petites phrases similaires telles que « un groupe qui jouerait n'importe quoi sans réel sens et on goberait ça comme du petit lait », « manque de cohérence », etc. C’est seulement là que la vérité m’a frappé au visage, malgré qu’elle semble toujours avoir été présente. Comprendre ? Comprendre la musique ? Se forcer à écouter un album jusqu’au bout alors qu’on part déjà avec une opinion (buzz, hype, farce)? En gros, tenter une écoute intellectuelle ?! « Ouais, c’est la grosse hype chez les Bac+12 ». Ce n’est pas plutôt ce genre d’approche qui est réservée aux Bac+12 ?! Alors bien sûr, la technique et la maîtrise d’un instrument (seuls critères objectivement critiquables et dépréciables) sont d’une grande utilité à celui qui désire faire passer des émotions musicalement, mais qu’on me jette la première pierre si je nie avoir vibré à des auditions de débutants passionnés.

J’ai dû me demander avec étonnement pourquoi moi, j’aimais cet album. Cela m’a paru très simple, contrairement à ces intellectualisations ridicules. J’aime Animal Collective car leur musique parle autant à mon corps qu’à ma tête. J’ai même été une fois jusqu’à comparer mon corps avec l’EP Water Curses, dont les chansons me paraissent plus enfantines qu’intellectuelles. « J’adore Brothersport (…). Au vu de la façon dont mes enfants (2 et 3 ans) dansent dans la salle de bain en l’écoutant, je pense qu’ils l’aiment aussi !!! ». En effet, je fonctionne entièrement au ressenti, à l’émotion, aux frissons. Dans un sens, la plus totale subjectivité mais qui se révèle pourtant sans choix, sans décision et sans appel. On ne peut pas changer ce qu’une musique provoque en nous (en-dehors de tout souvenir lié à son passage bien sûr). Quand j’ai écouté Animal Collective, que ce soit pour la toute première fois il y a deux ans ou pour cet album, je n’ai pas réfléchi. J’ai fermé les yeux et j’ai écouté. Et ce que j’ai entendu m’a plu, au-delà d’une explication rationnelle.

Je me suis sentie obligée d’étendre ma réflexion plus loin que ce groupe. J’ai vogué au gré du net sur les sites musicaux, blogs et autres, appartenant à des particuliers et à des critiques amateurs. J’ai été horrifiée de réaliser seulement maintenant l’ampleur des dégâts. La plupart d’entre eux ont oublié pourquoi ils écoutent de la musique. Et certains de ceux qui sont en train de lire cet article sont peut-être dans le cas aussi. La plupart du temps, j’ai juste vu des gens qui avaient envie d’être calé sur le sujet de la scène indépendante, donc juste une question de connaissance exhaustive, ou même pire, des gens qui voulaient juste se la péter genre « regarde tout ce que j’écoute et que tu ne connais même pas ». Il m’est même arrivé de ne plus avoir l’impression que certains parlaient de musique. Mais pourquoi pas tenir un blog de ce genre, en effet… Mais ma question reste : dans quel but ?!

Cela m’a ramené tantôt à la description Listen2Fight de Marc : « L’idée désagréable que quelqu’un puisse passer à côté d’albums qui pourraient le toucher me pousse à partager mes coups de cœur et de gueule (…) ». Oui, exactement. J’écoute de la musique parce que ça me touche. Parce qu’on s’y identifie, parce qu’elle est capable de recouvrir l’entièreté de notre palette de sentiments. Voilà la seule raison qui me pousse également à tenir ce blog. J’ai envie de partager mes émotions et pourquoi pas d'en provoquer chez d'autres par le biais de la musique. Alors que certains des blogueurs m’apparaissent plus comme des m’as-tu-vu engloutisseurs de disques, mais qui ont oublié pourquoi.

Je terminerai ce coup de gueule avec l’espoir de ne jamais perdre l’intégrité qu’un tas d’auditeurs semblent avoir perdue. Pour en revenir à mon intro, ce que je veux faire : continuer à partager mes émotions musicales avec qui voudra, et cet article en fait incontestablement partie.
Ce que je ne veux pas devenir : par exemple, le genre de personne pseudo-sympathique capable d’écrire un mail blessant sans même apparemment sans rendre compte, rempli d'allusions machistes et de changements de propos dû à une simple affaire de nombre de commentaires ou de découvertes ou non lors de ma première et dernière collaboration.
Ou un de ces putains de snobs indie, mais la personne d'avant en fait indéniablement partie.

A bientôt pour de nouvelles aventures musicales tout en ressenti...
Et une chanson désarmante pour la route: All Alone In An Empty House - Lost in the Trees

jeudi 1 janvier 2009

dawn will break, alarms will sound

> The Frozen Lake - Arms
> The Glowing Bird - Arizona

Est-ce à dire que je suis plus libre que maintenant? Je ne sais pas. J'apprendrai. Alors je rentrai dans la maison et j'écrivis, Il est minuit. La pluie fouette les vitres. Il n'était pas minuit. Il ne pleuvait pas.


(Molloy - S. Beckett)



Une petite ombre, en elle-même, sur le moment, ce n'est rien. On n'y pense plus, on continue dans la clarté. Mais je connais l'ombre, elle s'accumule, se fait plus dense, puis soudain éclate et noie tout.


(Malone meurt - S. Beckett)


____________________________________________________

Une fois n'est pas coutume: petite page de pub essentielle si vous souhaitez déja connaître ce que vous aimerez en 2009:

"VHS is a duo mixing electro, rock and noise."




On garde le meilleur pour la fin... The Walkmen, "in a van" sessions par Vincent Moon, On The Water. Un bijou, une émeraude, un saphir. Je crois que tout est dit... ça justifie l'existence de la musique à part entière. Le même effet à chaque fois. Vivement le 21 janvier...