lundi 29 décembre 2008

2008: le dernier article

Tout d'abord, je me dois de citer les grands oubliés de mon top albums, car approfondis trop tardivement:
Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel - Atlas Sound
Shallow Graves - The Tallest Man On Earth
Devotion - Beach House

On pourrait aussi parler des grandes déceptions, Of Montreal, The Spinto Band, mais ça ne vaut pas vraiment la peine de s'arrêter là-dessus.

Mais après ce top, je me suis quand même posée la question de ce que j'avais réellement écouté ces 12 derniers mois, dates de sortie d'albums mises à part. LastFm m'a gentiment renseignée:
1. Radiohead
2. Elliott Smith
3. Patrick Wolf
4. The Dodos
5. Grizzly Bear
6. Deerhunter
7. Sufjan Stevens
8. Of Montreal
9. Sunset Rubdown
10. Shearwater
11. Interpol et Wolf Parade
13. Final Fantasy
14. Death Cab For Cutie
15. Queens Of The Stone Age
= ça se tient plus ou moins!

Meilleur film sorti en 2008: The Dark Knight de Christopher Nolan
(je refuse d'admettre que c'est par manque de comparaisons étant donné que je vais au ciné... 2x/an.)

Top 10 concerts:
1. Radiohead @ Werchter
2. The Dodos @ Pukkelpop
3. Wolf Parade @ ABClub
4. The Dodos @ VK
5. Tobias Froberg + Peter Morén @ Belle Vue
6. Yeasayer @ Pukkelpop
7. The National @ Werchter
8. Queens Of The Stone Age @ Lotto Arena
9. Sigur Rós @ Pukkelpop
10. Shearwater @ Botanique

Ce que 2009 nous réserve et que j'attends avec impatience:
Beach House + The Walkmen à Fillmore, San Francisco
Deerhunter le 16 février au Bota
Nouvel opus d'Animal Collective pour très très bientôt
Beirut de retour sur cd en février
Battles de Patrick Wolf => INVESTISSEZ, à présent c'est l'auditeur qui fait le cd...
Grizzly Bear
Et mes hypothèses ridicules parce que j'ai trop la flemme de checker les sites de sortie:
Interpol, QOTSA, Battles.

Sur ce, je retourne à la vie monastique afin d'étudier (encore et toujours). Merci à RCRDLBL et à Rock Insider pour tout ce qu'ils m'ont fait découvrir cette année. Merci à tous pour vos commentaires et encouragements pour ces premiers 4 mois de war-toy sur blogspot, ça m'a fait très plaisir, et à très bientôt pour une année 2009 encore plus riche musicalement!

Anaïs.

lundi 22 décembre 2008

Top 50 albums 2008 - de 1 à 10

Mes 3 derniers live report représentent un peu 2008 à mes yeux. Une année où je rangeais l'archet de mon violoncelle uniquement pour placer des écouteurs dans mes oreilles. Une année où je retravaillais chaque détail de mes dernières partition de violon dans le cadre de l'académie, où j'adaptais Vincent Delerm pour la pièce des rhétos, et surtout où je me rendais à des concerts de façon beaucoup plus critique qu'auparavant.
Que ce soit en la mineur, en ré majeur, au violon, au violoncelle ou sur mon lecteur iTunes, l'année 2008 fût plus musicale que jamais. Voici mon top albums de cette année...

1. The Dodos - Visiter
-> Ashley
6 juin sur war-toy premier du nom: "Et pourtant, sachant que je ne connais pas toutes les chansons et que nous ne sommes qu'en juin, je vais quand même vous énoncer ma profonde conviction: cet album est l'album de 2008." Mon intuition était la bonne.
2. Deerhunter - Microcastle
-> Little Kids via RCRDLBL
3. Department Of Eagles - In Ear Park
-> Therapy Car Noise
4. Shearwater - Rook / The Snow Leopard EP
-> North Col
5. Wolf Parade - At Mount Zoomer
-> Call It A Ritual via RCRDLBL
6. The Walkmen - You & Me
-> On The Water
7. Fuck Buttons - Street Horrrsing
-> Bright Tomorrow
8. François Virot - Yes or No
-> Concert à emporter
9. Animal Collective - Water Curses EP
-> Street Flash
10. Ra Ra Riot - The Rhumb Line
-> l'album en entier

Top 50 albums 2008 - de 11 à 20

11. Blitzen Trapper - Furr
-> Furr via Spinner
12. Deatch Cab For Cutie - Narrow Stairs
-> The Ice Is Getting Thinner
13. Xiu Xiu - Women As Lovers
-> In Lust You Can Hear the Axe Fall
14. Bon Iver - For Emma, Forever Ago
-> Skinny Love
15. Fleet Foxes - s/t
-> Quiet Houses
16. Crystal Castles - s/t
-> Alice Practice
17. Foals - Antidote
-> Red Socks Pugie (daytrotter session)
18. Ratatat - LP3
-> Mirando
19. Black Moutain - In The Future
-> Tyrants
20. Margot and The Nuclear So & So's - Not Animal
-> Hello Vagina (daytrotter session)

Top 50 albums 2008 - de 21 à 30

21. Passion Pit - Chunk Of Change
-> Sleepyhead via RCRDLBL
22. Peter, Bjorn & John - Seaside Rock
-> Favour Of The Season
23. Elbow - The Seldom Seen Kid
-> The Bones Of You
24. Crystal Antlers - s/t EP
-> Parting Song For The Torn Sky
25. Micah P. Hinson & The Red Empire Orchestra - s/t
-> The Fire Came Up To My Knees
26. Tv on the Radio - Dear Science,

-> Love Dog
27. High Places - s/t
-> From Stardust To Sentience
28. Okay - Huggable Dust
-> Myspace
29. The National - The Virgina EP
-> l'EP
30. Why? - Alopecia
-> The Hollows

Top 50 albums 2008 - de 31 à 40

31. Plants and Animals - Parc Avenue
-> l'album
32. Vampire Weekend - s/t
-> la géniale daytrotter session
33. Get Well Soon - Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon
-> Born Slippy (Nuxx) (Underworld cover)
34. Lightspeed Champion - Falling Off The Lavender Bridge
-> daytrotter session
35. No Age - Nouns

-> Teen Creeps
36. Conor Oberst - s/t
-> Cape Canaveral
37. Port O'Brien - All We Could Do Was Sing
-> I Woke Up Today via RCRDLBL
38. Cut Copy - In Ghost Colours
-> Out There On The Ice
39. New Bloods - The Secret Life
-> Myspace
40. The Notwist - The Devil, You + Me
-> Good Lies

Top 50 albums 2008 - de 41 à 50

41. Friendly Fires - s/t
-> Paris (Aeroplane remix)

42. A Silver Mt. Zion - 13 Blues For Thirteen Moons

43. Merz - Moi et mon camion / Forest Fire - Survival EX AEQUO

44. Noah & The Whale - Peaceful, the World Lays Me Down

45. Hot Chip - Made In The Dark

46. Girls In Hawaii - Plan Your Escape

47. Islands - Arm's Way

48. Abe Vigoda - Skeletons

49. Girl Talk - Feed The Animals

50. Be Your Own Pet - Get Awkward

jeudi 18 décembre 2008

< 05/12/08 > Wolf Parade @ ABClub

La soirée avait plutôt bien commencé (voir article précédent). Nous étions devant l'AB, et Thomas cherchait une place pour venir voir Wolf Parade, sold out depuis un petit temps. Il n'était pas le seul à chercher, malheureusement en vain: seules celles pour Alain Bashung, concert dans la grande salle, foisonnaient à des prix plafonds. Il finit par se résigner, et nous entrons.

Un monument, récent mais déja tellement prestigieux, allait se produire devant nous. Un rapide passage au vestiaire avant de chercher une place convenable dans un ABClub plein à craquer. On croise Marc, on cherche Jonathan en vain (le veinard a réussi à se faufiler au premier rang). Mais déjà ils arrivent. Non pas à 5 mais à 4 (Dan Boeckner nous fait remarquer après quelques chansons que c'est mieux comme ça: ok, le message est passé). Mais l'angoisse me prend: je suis incapable de voir un seul bout de la scène. La première chanson résonne déjà, You Are A Runner, I am My Father’s Son, je tente d'établir divers angles de vue au comble de l'impatience, et je finis par y parvenir. Soulagement intense. Seul Spencer Krug reste souvent hors de ma portée visuelle. Mais qu'importe, un concert pareil... Je n'ai pas vraiment le droit de me plaindre. Car le son est puissant et étrangement habité. Je réalise seulement l'excellente complémentarité des 2 leaders, qui s'envoient sans cesse la balle: chacun apporte ce que l'autre n'a pas. Difficile dès lors de faire un meilleur groupe.




Prenez: Spencer et son côté indie pop, clavier emporté, mélodies inspirées, voix posée... Tout à fait Sunset Rubdown. Dan et son côté résolument rock, guitare aux riffs saillants, houpette se soulevant de façon saccadée, voix légèrement rauque... Pas tout à fait Handsome Furs, beaucoup mieux que ça, disons Black Mountain parce que ce mec m'a complètement bluffé. Leurs points communs? Énergie démesurée, explosions musicales sans précédents.
Ajoutez à cela des compositions hors du commun (des plages de + de 10 min, à la Kissing The Beehive; des hymnes d'une efficacité effarante, tel que Fancy Claps ou California Dreamer; des perles aux paroles poignantes, comme l'excellent Dear Sons & Daughters of Hungry Ghosts). Et encore, si vous avez aimé Apologies to the Queen Mary et At Mount Zoomer, sachez qu'en live, chaque morceau s'étoffe de mille nouvelles notes.
Secouez. Servez frais. Vous obtenez un mélange détonant, savoureux et délectable. Dont on ne se lasse pas.



Et tout le public l'a compris: ce concert est un des meilleurs de notre vie. Ce public chante. Ce public applaudit très fort. Ce public danse, surtout. Personne n'aurait pû décemment y échapper. Nous ne sommes plus que des marionettes, dirigées à la baguette. Cette prestation balaie tout sur son passage. La tension est palpable. Personne n'en sortira indemne et c'est tant mieux.

Assez de descriptions. Si vous n'étiez pas là, vous ne saurez jamais comment c'était. Car jamais je ne pourrai mettre des mots sur ce que j'ai vu. Sur tout ce que j'ai entendu. Sur ce que j'ai ressenti à ce moment-là...

Il n'y a que les Canadiens pour créer un groupe pareil...
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*Photos de Marc

dimanche 14 décembre 2008

< 05/12/08 > Department Of Eagles @ Archiduc

Il n'y avait pas de dilemme. J'avais dans ma main ce ticket pour Wolf Parade. Je n'avais donc aucune raison de penser à ma découverte du mardi: "Department Of Eagles à l'Archiduc, Bruxelles". Ni à celle du mercredi: "C'est à 200m de l'AB, je connais quelqu'un sur la guest list (Claire)". Ni à celle du vendredi: "J'ai envoyé un mail pour demander à y être, j'y vais juste avant Wolf Parade (Claire)".



Non, il n'y avait pas de dilemme. J'étais juste dans le train, et j'observais, comme à mon habitude. Dans peu de temps, j'allais voir Wolf Parade; ma découverte de la musique indé en 2005 (ou 2006?), avec Dear Sons & Daughters Of Hungry Ghosts, 2e chanson la plus écoutée selon mon compteur iTunes. J'allais donc voir ce groupe à l'énorme importance sentimentale. Et pourtant, j'avais le coeur serré. Pourquoi avais-je le coeur serré s'il n'y avait pas de dilemme?

J'étais tôt à Bruxelles. Peut-être n'était-ce pas un hasard. Je sortais de la gare centrale, lorsque j'entendis mon prénom. Claire et Thomas étaient aux feux, juste devant la sortie. Ce n'était peut-être pas non plus un hasard. J'avais beaucoup de temps devant moi, ils me proposèrent de venir avec eux jusqu'à l'Archiduc et d'aviser ensuite. Les accompagner et demander à entrer aussi. Ils pressèrent le pas, concert annoncé à 19h30. Nous arrivâmes. Moment fatidique. Allais-je entre ou aller me poster devant l'AB en attendant la première partie de W. P.?

Je fixe cette porte nommée "Sold out, guest list only", jusqu'à ce qu'un couple sorte. Personne derrière eux, pas de check list. Ils entrent, j'entre.
Un petit café classe (trop?). Bondé. Daniel Rossen discute non loin du bar. On décide de se poster à l'étage, dont le balcon nous offre une vue parfaite sur l'endroit réservé au matériel musical. Ils ne commencent qu'à 20h, le temps d'observer la population environnante. Majoritairement des airs blasés, des airs sophistiqués, des airs "I'm hype so here I am". Trop peu d'airs "je vais entendre Dept Of Eagles, bordel, quelle musique magique!". Trop peu d'airs "est-ce que je vais bien voir d'ici?". Allons donc. Ce manque de réjouissance plombe l'atmosphère d'une aura désagréable. Le public n'est-il pas presque aussi important que le groupe lui-même dans la plupart des cas? Pour ma part, j'étais en pleine attente, et j'avoue sans honte que mon quotidien n'est pas de croiser Daniel Rossen et de deviser avec lui sur le management musical.




Ils prennent leur guitare nonchalamment. Il apparaît que Fred Nicolaus est plus que secondaire dans l'interprétation. C'est Daniel qui mène la barque de sa voix cristalline. Cette voix qui gonfle s'élève, gonfle, vibre. D'une pureté incroyable. In Ear Park, Phantom Other, 1997, What is your deal? et une chanson poignante, interprétée entièrement par Nicolaus, d'une voix rocailleuse, puissante et profonde. Quelques dialogues de plus, et c'est à peu près tout. 30 min de musique. À 20h30, ils quittent le coin musical et se dirigent vers le bar.

Mais pendant cette demi-heure de prestation, pendant laquelle la perfection musicale fût sans cesse frôlée (en manque de lyrisme depuis la prestation des Dodos, je fus plus que servie), je ne pus m'empêcher de ne pas être tout le temps hypnotisée, comme la douce guitare me le suggérait. Je ne pus m'empêcher de regarder autour de moi. Certes, il y avait des gens qui paraissaient grandement sous le charme. Mais d'autres ne regardaient même pas la scène, voire lui tournaient ostensiblement le dos; en sirotant leur verre. J'ai perdu mon temps à m'insurger silencieusement. Heureusement, le pouvoir de Department Of Eagles prenait souvent le dessus et m'emmenait du côté de la pochette de l'album, un ciel noir d'encre, des arbres éclairés (un sol couvert d'un épais tapis d'aiguilles de pins, des enfants qui courent et qui rient... et plus selon votre imagination).

PS: Daniel Rossen, quand il ne joue pas, arbore lui aussi cet air blasé. Dommage.


Le live report du concert de Wolf Parade dans quelques jours...

vendredi 12 décembre 2008

< 03/12/08 > Jennifer Gentle + The Dodos @ VK

Grande 1ère au VK*, n'ayant visité que le café Belle Vue plus tôt cette année (Tobias Froberg + Peter Morén oblige), où ce concert était également précédemment programmé. Tout le monde semble avoir été présent au rendez-vous: une foule dense, dont Marc (live report) et Crushd Tin Box, entres autres.


Je suis arrivée au milieu de la prestation de Jennifer Gentle, inconnus au bataillon pour ma part. Sans réfléchir beaucoup, je m'attendais à une fille et sa guitare. Mais j'étais bien loin de la réalité, puisque c'est en fait deux gaillards qui ouvraient le bal: un chanteur-guitariste et un sosie du batteur de Wolf Parade au clavier, tout droit issus d'Italie. L'instru se révèle plaisante, voire amusante, malgré le son de la basse et les rythmes de la batterie plus qu'audibles alors qu'aucun de ces deux instruments ne soit présent sur scène. Je déteste ça, je préfère l'adaptation momentanée et l'acceptation des moyens du bord à toute forme de bande-son préenregistrée... Une fois passe encore, mais tous les morceaux sont bâtis sur ces mêmes fondations imaginaires. Quant au chanteur, il révèle une inconstance étonnante, en passant sans cesse du bon (voix puissante, justesse, timbre agréable) à l'agaçant au possible (quelques ressemblances avec un gamin geignard...). Finalement, je ne serai pas fâché de leur dire au revoir.

(Pour nous faire patienter, c'est At Mount Zoomer qui passe en fond sonore. Histoire de me rappeler que j'allais entendre cet excellent album de Wolf Parade en live deux jours plus tard.)



La tension monte, la barre est haute. En effet, je faisais partie de ces irréductibles qui refusaient de cesser d'applaudir après une prestation sublime au Pukkelpop, cet été...
The Dodos arrivent enfin: Meric Long et ses nombreuses guitares, Logan Kroeber, le batteur le plus impressionnant qu'il m'ait été donné de voir, et leur comparse attelé au xylophone et autres tables à effets sonores. Sans oublier la poubelle métallique complètement défoncée, élément clé d'une performance réussie.
La voiture démarre sur les chapeaux de roues, tous les ingrédients sont réunis pour le concert de l'année. Visiter, l'album le plus complet de 2008 (comment ça, j'exagère?!) est étoffé d'anciens morceaux tels que Eyelids, The Ball ou encore Men. Après quelques morceaux endiablés, au summum des capacités énergétiques du groupe, paraît le 1er moment voulu plus lyrique. Car que serait Visiter s'il n'était qu'un concentré de minutes qui sentent le dépassement de soi (autrement dit, la sueur qui coule à grosses perles de leur front)? Visiter base son excellence sur deux principes: la fougue (percussions endiablées, guitares saccadées... ex: l'impitoyable Jodi) et l'émotion (les notes qui visent juste, les frissons, les paroles belles à faire pleurer... ex: Winter). Quel morceau pourrait mieux illustrer cette dualité inspirée que The Season, parfaite réciprocité des 2 genres...?


Mais je me perds. Le côté engagé façon fougue (cris tribaux à l'appui) ayant déjà été quelque peu exploré, donc, vînt le moment où j'avais besoin d'une étincelle plus poétique. Winter fût justement sur le point d'être jouée. Sur le point seulement, car nous ne l'aurons jamais vraiment en entier. 10 secondes suffisent pour se rendre compte que la guitare de Meric est mal accordée et que, le chant en plus, tout sonne particulièrement faux. Regards inquiets sur scène, pont de la batterie pour permettre à Meric de régler ça... La chanson se termine respectablement, mais c'est fichu pour les frissons.
Ils recommencent (encore plus fort). Ils tapent sur la poubelle, ils tentent tous les rythmes, Meric Long improvise des intros détonantes. Pas de répit, surtout pour le 3e larron, dont la transpiration coule toujours plus sur ses instruments. Juste une chanson de repos sur la sublime Ashley, 1er moment lyrique et mélancolique plus que réussi. Sans rire, beau à pleurer, transportant à souhait. Mais on remonte vite dans cette voiture qui avance toujours plus vite. Une fois la machine lancée, plus moyen de l'arrêter. Red & Purple, Fools, Jodi, Joe's Waltz, It's That Time Again, Pain The Rust et UNE NOUVELLE CHANSON de la trempe des précédentes.
Entre les chansons, tout de même quelques dialogues et anecdotes. On nous parlera entre autres du 3e comparse, le "weed smoker", et on tentera également une propagande pro-stand de merchandising pas très subtile. Ces gars-là savent où ils veulent en venir.
The Season. Meilleure chanson de 2008. Je l'aurai attendue longtemps. Malheureusement, c'est également raté pour les frissons, qui pourtant m'avait fait un effet incroyable au Pukkelpop, du genre émotions exacerbées... Mais ici, le côté lyrique est légèrement bâclé en vue d'arriver plus vite à l'aspect hors norme de la seconde partie de la chanson, rallongée à l'infini par la poubelle métallique. Les 3 hommes passent aux percus, avant que Meric ne reprenne sa guitare et achève ça de façon folk'n'roll survolté.

Rappel. Les musiciens de Jennifer Gentle sont conviés à frapper de toutes leurs forces sur ce qui est à leur disposition. C'est seulement là que je commence vraiment à apprécier ce que font ces types... Le chanteur de J.G. a beaucoup moins l'air d'un gamin geignard, tout à coup. Nous aussi nous sommes invités à participer en tapant dans les mains. Une guitare, 4 mecs aux percus, LE COUP DE GRÂCE. Le clou est définitivement enfoncé. Je n'ai plus qu'une envie: courir sur la scène et rajouter encore un nouveau rythme. L'essence même de la musique, une jam session spontanée, irrépressible, primitive et complexe. On est tous possédés par le démon du rythme qui s'est emparé de nous et qui ne veut plus nous lâcher.

Mais c'est fini, ils s'en vont. Et tout le monde quitte la salle sous Speed Trials d'Elliott Smith. VK, le temple du bon goût?!

Conclusion: Totalement énorme. Mes références du moment me poussent même à dire "hallucinant". Même si ma tendance naturelle à privilégier toute musique susceptible de me faire frissonner me fera partir un peu déçue. Un concert pas vraiment représentatif de l'album donc, mais dont l'aspect énergie surdimensionnée et non dosée, lâcher prise le plus complet et le plus spontané, m'a fait vivre un évènement hors du temps. Un concert qu'on pourrait qualifier de long, fourni et dense (même si jamais de Walking en concert, apparemment). Le lyrisme restera associé à la précédente (et très courte) représentation, en comité plus restreint.
Et puis, ne pas devoir courir hors d'une salle pour attraper un train avant la fin d'un concert (pour une fois), ça n'a pas de prix... =)
Finalement, pas le concert de l'année, mais une place de choix dans le top 10 quand même...!
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mardi 9 décembre 2008

Interlude automnale

"Oui, tel fut mon destin dès ma première enfance. Tous lisaient sur mon visage les signes de mes mauvais penchants; ils n’existaient pas en réalité, mais comme on le supposait, ils naquirent en moi. J’étais modeste, et on m’accusa d’hypocrisie; je devins dissimulé. J’étais sensible au bien et au mal; personne ne me caressait, tous m’offensaient, et je devins rancunier. J’étais sombre, les autres enfants étaient gais et bavards; je me sentais supérieur à eux; on m’abaissait, et je devins envieux. J’étais prêt à aimer le monde entier; personne ne me comprenait et j'appris à haïr. Ma jeunesse incolore s’épuisa dans mes luttes contre moi-même et contre le monde entier. Craignant les railleries, j’enterrai au fond de mon coeur mes meilleurs sentiments : ils y sont morts. Je disais la vérité, et on ne me croyait pas; alors je me mis à mentir. Ayant appris à bien connaître le monde et tous ses ressorts, je devins habile dans l’art de la vie, mais je voyais les autres heureux sans art aucun, profitant gratuitement de ces avantages pour lesquels je combattais sans cesse. Et alors le désespoir envahit mon âme; non pas ce désespoir auquel remédie le canon d’un pistolet, mais ce désespoir glacé, impuissant, que masquent l’amabilité et le sourire agréable. Je devins un malade moral : toute une moitié de mon âme n’existait plus; elle s’était desséchée, elle était morte; je la coupai, je la jetai. Cependant l’autre continuait à s’agiter et à vivre, toujours prête à rendre service à tout le monde; mais personne n’y faisait attention, personne ne connaissait l’existence de l’autre moitié qui était morte. Mais vous me l’avez rappelée maintenant, et je viens de vous lire son épitaphe. Bien des gens trouvent, en général, toutes les épitaphes ridicules; mais, moi, je suis d’un avis différent, surtout lorsque je pense à ce qui repose sous elles. D’ailleurs je ne vous demande pas de partager mon opinion : si mon discours vous paraît ridicule, riez-en, je vous en prie; je vous préviens que cela ne me peinera nullement."
- Un héros de notre temps - Mikhaïl Lermontov
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Playlist automnale
One Four Seven One - Arab Strap de Elephant Shoe (1999)
On The Water - The Walkmen de You & Me (2008)
Favour Of The Season - Peter, Bjorn & John de Seaside Rock (2008)
Shift - Grizzly Bear de Horn of Plenty (2004)
Your Algebra - The Shins de Oh, Inverted World (2001)
Pieces of String - Alela Diane de The Pirate's Gospel (2006)
Ashley - The Dodos de Visiter (2008)

Bientôt, 2,5 nouveaux live reports sur war-toy.blogspot.com :)