vendredi 12 décembre 2008

< 03/12/08 > Jennifer Gentle + The Dodos @ VK

Grande 1ère au VK*, n'ayant visité que le café Belle Vue plus tôt cette année (Tobias Froberg + Peter Morén oblige), où ce concert était également précédemment programmé. Tout le monde semble avoir été présent au rendez-vous: une foule dense, dont Marc (live report) et Crushd Tin Box, entres autres.


Je suis arrivée au milieu de la prestation de Jennifer Gentle, inconnus au bataillon pour ma part. Sans réfléchir beaucoup, je m'attendais à une fille et sa guitare. Mais j'étais bien loin de la réalité, puisque c'est en fait deux gaillards qui ouvraient le bal: un chanteur-guitariste et un sosie du batteur de Wolf Parade au clavier, tout droit issus d'Italie. L'instru se révèle plaisante, voire amusante, malgré le son de la basse et les rythmes de la batterie plus qu'audibles alors qu'aucun de ces deux instruments ne soit présent sur scène. Je déteste ça, je préfère l'adaptation momentanée et l'acceptation des moyens du bord à toute forme de bande-son préenregistrée... Une fois passe encore, mais tous les morceaux sont bâtis sur ces mêmes fondations imaginaires. Quant au chanteur, il révèle une inconstance étonnante, en passant sans cesse du bon (voix puissante, justesse, timbre agréable) à l'agaçant au possible (quelques ressemblances avec un gamin geignard...). Finalement, je ne serai pas fâché de leur dire au revoir.

(Pour nous faire patienter, c'est At Mount Zoomer qui passe en fond sonore. Histoire de me rappeler que j'allais entendre cet excellent album de Wolf Parade en live deux jours plus tard.)



La tension monte, la barre est haute. En effet, je faisais partie de ces irréductibles qui refusaient de cesser d'applaudir après une prestation sublime au Pukkelpop, cet été...
The Dodos arrivent enfin: Meric Long et ses nombreuses guitares, Logan Kroeber, le batteur le plus impressionnant qu'il m'ait été donné de voir, et leur comparse attelé au xylophone et autres tables à effets sonores. Sans oublier la poubelle métallique complètement défoncée, élément clé d'une performance réussie.
La voiture démarre sur les chapeaux de roues, tous les ingrédients sont réunis pour le concert de l'année. Visiter, l'album le plus complet de 2008 (comment ça, j'exagère?!) est étoffé d'anciens morceaux tels que Eyelids, The Ball ou encore Men. Après quelques morceaux endiablés, au summum des capacités énergétiques du groupe, paraît le 1er moment voulu plus lyrique. Car que serait Visiter s'il n'était qu'un concentré de minutes qui sentent le dépassement de soi (autrement dit, la sueur qui coule à grosses perles de leur front)? Visiter base son excellence sur deux principes: la fougue (percussions endiablées, guitares saccadées... ex: l'impitoyable Jodi) et l'émotion (les notes qui visent juste, les frissons, les paroles belles à faire pleurer... ex: Winter). Quel morceau pourrait mieux illustrer cette dualité inspirée que The Season, parfaite réciprocité des 2 genres...?


Mais je me perds. Le côté engagé façon fougue (cris tribaux à l'appui) ayant déjà été quelque peu exploré, donc, vînt le moment où j'avais besoin d'une étincelle plus poétique. Winter fût justement sur le point d'être jouée. Sur le point seulement, car nous ne l'aurons jamais vraiment en entier. 10 secondes suffisent pour se rendre compte que la guitare de Meric est mal accordée et que, le chant en plus, tout sonne particulièrement faux. Regards inquiets sur scène, pont de la batterie pour permettre à Meric de régler ça... La chanson se termine respectablement, mais c'est fichu pour les frissons.
Ils recommencent (encore plus fort). Ils tapent sur la poubelle, ils tentent tous les rythmes, Meric Long improvise des intros détonantes. Pas de répit, surtout pour le 3e larron, dont la transpiration coule toujours plus sur ses instruments. Juste une chanson de repos sur la sublime Ashley, 1er moment lyrique et mélancolique plus que réussi. Sans rire, beau à pleurer, transportant à souhait. Mais on remonte vite dans cette voiture qui avance toujours plus vite. Une fois la machine lancée, plus moyen de l'arrêter. Red & Purple, Fools, Jodi, Joe's Waltz, It's That Time Again, Pain The Rust et UNE NOUVELLE CHANSON de la trempe des précédentes.
Entre les chansons, tout de même quelques dialogues et anecdotes. On nous parlera entre autres du 3e comparse, le "weed smoker", et on tentera également une propagande pro-stand de merchandising pas très subtile. Ces gars-là savent où ils veulent en venir.
The Season. Meilleure chanson de 2008. Je l'aurai attendue longtemps. Malheureusement, c'est également raté pour les frissons, qui pourtant m'avait fait un effet incroyable au Pukkelpop, du genre émotions exacerbées... Mais ici, le côté lyrique est légèrement bâclé en vue d'arriver plus vite à l'aspect hors norme de la seconde partie de la chanson, rallongée à l'infini par la poubelle métallique. Les 3 hommes passent aux percus, avant que Meric ne reprenne sa guitare et achève ça de façon folk'n'roll survolté.

Rappel. Les musiciens de Jennifer Gentle sont conviés à frapper de toutes leurs forces sur ce qui est à leur disposition. C'est seulement là que je commence vraiment à apprécier ce que font ces types... Le chanteur de J.G. a beaucoup moins l'air d'un gamin geignard, tout à coup. Nous aussi nous sommes invités à participer en tapant dans les mains. Une guitare, 4 mecs aux percus, LE COUP DE GRÂCE. Le clou est définitivement enfoncé. Je n'ai plus qu'une envie: courir sur la scène et rajouter encore un nouveau rythme. L'essence même de la musique, une jam session spontanée, irrépressible, primitive et complexe. On est tous possédés par le démon du rythme qui s'est emparé de nous et qui ne veut plus nous lâcher.

Mais c'est fini, ils s'en vont. Et tout le monde quitte la salle sous Speed Trials d'Elliott Smith. VK, le temple du bon goût?!

Conclusion: Totalement énorme. Mes références du moment me poussent même à dire "hallucinant". Même si ma tendance naturelle à privilégier toute musique susceptible de me faire frissonner me fera partir un peu déçue. Un concert pas vraiment représentatif de l'album donc, mais dont l'aspect énergie surdimensionnée et non dosée, lâcher prise le plus complet et le plus spontané, m'a fait vivre un évènement hors du temps. Un concert qu'on pourrait qualifier de long, fourni et dense (même si jamais de Walking en concert, apparemment). Le lyrisme restera associé à la précédente (et très courte) représentation, en comité plus restreint.
Et puis, ne pas devoir courir hors d'une salle pour attraper un train avant la fin d'un concert (pour une fois), ça n'a pas de prix... =)
Finalement, pas le concert de l'année, mais une place de choix dans le top 10 quand même...!
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6 commentaires:

Anonyme a dit…

Sniff... je les ai ratés à Paris. Ton live-report me donne sacrément des regrets :))

(Tu parles de pleins de choses que j'adore sur ton blog, terrible !! :)))

coolbeans a dit…

C'est clair que ça avive les regrets de ne pas être allé les voir mais ça donne sacrément envie de se re-ruer sur leur album...

Anonyme a dit…

Mais comment fais-tu pour retenir tout ça? C'est une question que je me pose franchement...

Joli article bien exhaustif en tous cas.

A bientôt (Deerhunter?), je vais aller commenter ta battle maintenant

Anonyme a dit…

Je me suis posé la même question que Marc !! :))
Quel est ton truc, plizzzz... ?? (tu notes tout ?)

Vince a dit…

Vu à barcelone il y a 6 jours. Très sympa aussi mais ambiance différente car c'était assis dans un auditorium. Pas de Winter non plus, j'étais un peu dégouté...
Quand à Visiter, nul doute qu'il sera dans mon Top 2008...

Anaïs a dit…

Je ne note rien :) je suis juste attentive!